L'art du Paléolithique supérieur

L'explosion des formes d'art est caractéristique du Paléolithique supérieur. L’Homo sapiens est le principal acteur de cette révolution, même si des chercheurs pensent aujourd'hui que certaines œuvres peuvent être attribuées à l'homme de Néandertal.

Il y a environ 32 000 ans, l'art est déjà très diversifié et abouti, tant au niveau des thématiques que des techniques. Dans la Grotte Chauvet, l'une des plus anciennes grottes ornées connues, un grand nombre de techniques (gravure, peinture, tracés digitaux, empreintes, etc.) a été employé pour réaliser des figurations animales parfois très réalistes, certaines représentations étant parfois doublées voire triplées, ce qui a donné naissance à la théorie du préhistorien Marc Azéma selon laquelle les hommes préhistoriques traduisaient le mouvement (étirement des corps comme dans le Galop volant, artifice de la synecdoque pour représenter dynamiquement un animal par ses pattes en extension, décomposition du mouvement par superposition ou juxtaposition d'images successives - pattes, queues, encolures, plaquettes ou rondelles d'os qui tournent sur leurs deux faces comme dans des thaumatropes). À la même époque, des statuettes en ivoire sont également connues (cf. « l'homme lion » de Hohlenstein-Stadel). Aucune évolution, depuis des formes simples vers des formes plus complexes, n'est véritablement perceptible. Même si l'art du Paléolithique supérieur couvre près de vingt mille ans, il est possible de dégager un certain nombre de caractéristiques générales sans entrer dans le détail de la chronologie.

Supports de l'art : L'art du Paléolithique supérieur se présente sous forme de peintures pariétales mais aussi de sculptures en argile, en pierre, en ivoire ou en os. Les œuvres en bois, en tissus ou dans d'autres matériaux périssables ont malheureusement disparu. On ne peut qu'imaginer ce qu'elles devaient être, et il est certain que notre connaissance reste très partielle.

Le métal n'est pas encore connu. Certains objets, très fins et fragiles, ne semblent pas exclusivement utilitaires, et peuvent avoir une fonction d'apparat. De nombreux témoins d'art apparaissent sur des éléments de la vie quotidienne qui ont sans doute eu un rôle non artistique, comme les propulseurs.

Art rupestre

L'expression « art rupestre » (du latin rupes, « roche ») désigne l'ensemble des œuvres d'art au sens large (sans appréciation esthétique) réalisées par l'Homme sur des rochers, le plus souvent en plein air. La plupart des auteurs l'opposent aujourd'hui à l'art pariétal (du latin parietalis, « relatif aux murs », art sur parois de grottes en intérieur), mais aussi à l'art mobilier (que l'on peut déplacer) et à l'art sur bloc. Cette forme d'art occupe une part majeure dans l'art préhistorique. Sa pratique est restée continue jusqu'à nos jours ; elle n'est pas le fruit d'une ethnie ou d'une culture particulière, mais est relativement universelle.

Selon le préhistorien Emmanuel Anati, il existerait 45 millions de peintures rupestres sur des rochers et dans des grottes, sur 170 000 sites de 160 pays.

L'art rupestre est caractérisé par l'utilisation de plusieurs techniques :

  • la gravure (piquetage et incision) : les artistes martelaient un support rocheux avec une pierre dure. Cette technique était très répandue. Dans ce cas, on parle de pétroglyphe.
  • la peinture : les poudres de couleur utilisées étaient des minéraux broyés. Grâce à un roseau ou un os creux, ils soufflaient les poudres de couleur pour représenter les crinières, les poils, les pelages d'animaux.

Art pariétal

L'art pariétal comporte des œuvres peintes, gravées ou sculptées. Ces dernières sont souvent associées aux abris-sous-roches (Roc-aux-Sorciers à Angles-sur-l'Anglin). La grotte de Lascaux comporte plus de gravures que de peintures. Selon la dureté de la paroi, l'artiste utilisait ses mains seules (parois argileuses) ou des outils de pierre et de bois pour inciser la paroi. Certaines créations modelées sont de véritables chefs d'œuvres, tels les bisons de la grotte du Tuc d'Audoubert.

Pour la peinture, différents colorants étaient utilisés :

  • l'ocre, jaune, rouge ou brune ;
  • le charbon ;
  • l'oxyde de manganèse pour le noir.


Les analyses de pigment ont montré dans certains cas la réalisation de recettes complexes incluant des charges minérales non colorées.

Dans certains cas, l'artiste traçait un contour avec un pinceau ou directement grâce à un bout de charbon et remplissait ensuite selon divers procédés : pinceau, application à la main, soufflage dans un tube. Ce dernier procédé mouchetait finement la paroi, permettant des effets subtils de dégradés.

Les artistes du Paléolithique ont su utiliser et jouer avec les formes naturelles des parois pour créer des figures. Ainsi, il arrive que seulement quelques contours de la figure soient représentés, le reste étant suggéré par la forme de la paroi.

Art mobilier

L'art mobilier est l'art des objets, que ceux-ci soient utilitaires ou non. On trouve dans cette catégorie des rondes bosses, comme les Vénus, mais aussi des armes sculptées comme des propulseurs, et des objets de la vie quotidienne, comme des lampes en terre gravées de signes. Les hommes du Paléolithique savaient déjà décorer leurs armes. Ils possédaient un art mobilier composé de pendeloques et de plaquettes décorées.

On remarque souvent une correspondance entre art mobilier et art pariétal : même iconographie, même style. Trois types de figurations peuvent être distinguées : des signes, des animaux et des représentations humaines.

220px-Pech_Merle_main.jpg- Signes : Les signes sont de loin les éléments les plus fréquents, les plus divers et les plus difficiles à interpréter. On les trouve autant dans l'art pariétal que dans l'art mobilier. Généralement, ils accompagnent des animaux, mais il existe aussi des panneaux de signes, comme dans la grotte de Niaux.

Ces signes sont des points, des flèches, des mains négatives et positives, avec un nombre de doigts variables, des tectiformes, des quadrillages colorés de différentes teintes, des sortes de feuilles, etc. La liste est quasiment impossible à établir, tant ils sont divers. La couleur semble toujours avoir une grande importance.

André Leroi-Gourhan a proposé d'interpréter ces signes comme des symboles sexuels. Par exemple, sur le panneau de signes de la grotte de Niaux, les signes fléchés seraient à associer à la femme et les points à l'homme. D'autres préhistoriens pensent qu'il s'agit d'une sorte de système numérique.

- Faune : Les animaux sont le deuxième thème de prédilection des artistes préhistoriques. Ceux-ci s'inspiraient visiblement des espèces animales visibles dans leur environnement, mais pas particulièrement des espèces qu'ils avaient l'habitude de chasser. Les figurations évoquant l'environnement végétal sont extrêmement rares.

Le bestiaire varie selon les régions et selon les époques : toutefois, on trouve en majorité de grands herbivores (chevaux, bisons, aurochs), comme dans la grotte de Lascaux.

D'autres espèces sont plus rarement représentées, parfois avec de fortes dominantes géographiques ou chronologiques : lions et rhinocéros dans la grotte Chauvet, en Ardèche, biches dans les grottes de la région des Cantabres en Espagne ou mammouths à Rouffignac, en Dordogne. Il arrive aussi que soient représentés des animaux indéterminables ou « fantastiques » : une figure de de la salle des taureaux de Lascaux est parfois qualifiée de « licorne ».

Certains animaux sont parfois représentés selon des conventions stylistiques plus ou moins uniformes à l'échelle d'une région. Pour les chevaux du sud-ouest de la France, par exemple, on note un ventre rond, large, alors que les jambes sont à peine ébauchées.

Les animaux sont quelquefois regroupés, inclus dans une scénographie. Ainsi, on trouve à la grotte Chauvet la représentation d'un rhinocéros surmonté de plusieurs lignes dorsales, ce qui donne une impression de profondeur et de multitude évoquant un troupeau. Les groupes peuvent comporter des animaux d'une même espèce, mais associent souvent plusieurs espèces différentes. Les superpositions et raclages sont aussi courants. Parfois, un individu est écarté, comme le cheval dans le passage, à Lascaux.

L'art mobilier comporte aussi nombre de représentations animales, notamment au bout de propulseurs. Le propulseur du faon à l'oiseau est l'un des plus délicats. Élément de prestige de par sa fragilité, il est le chef d'œuvre d'une importante série d'objets du même type. Des chevaux en ronde-bosse sont également fréquents.

- Représentations humaines : Les représentations humaines posent visiblement problème pour les artistes du Paléolithique, qui préfèrent peut-être substituer au personnage humain un animal.

Les représentations masculines brillent par leur rareté. On les trouve principalement dans les grottes, et en général l'homme est très stylisé, prenant des traits animaux. Deux types peuvent être dégagés :

- les « hommes en situation de faiblesse face à un animal » : on en trouve un exemple dans le puits de Lascaux, au Roc de Sers et sur une plaquette provenant du Mas d'Azil conservée au musée des Antiquités nationales de Saint-Germain-en-Laye. L'homme est couché face un animal chargeant, ou combat contre lui ;

- les « sorciers » : personnages mi-humains mi-animaux, parfois réduits à de simples masques comme dans la grotte d'Altamira en Espagne ou en pied, comme dans la Grotte des Trois-Frères.

Les représentations féminines sont plus courantes. La plupart du temps, la femme semble être un symbole de fécondité, comme le montrent les statuettes de « Vénus », dont les hanches et le ventre sont hypertrophiés et la tête et les membres réduits à leur plus simple expression. La Vénus de Willendorf en est un des exemples les plus célèbres. Les vulves stylisées et les gravures de femmes présentes dans l'art pariétal renforcent cette hypothèse. Il faut toutefois mentionner l'exception de la « Dame à la capuche », en ivoire de mammouth, dont la tête est représentée de manière détaillée, avec une chevelure marquée.

Source : Wikipedia